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Mon sac à dos commence à peser lourd sur mes épaules. La chaleur de l’après-midi est écrasante. Mes pieds sont douloureux. Me voilà à l’orée de la forêt. Enfin un peu d’ombre et de fraîcheur. Je plonge ma casquette dans le ruisseau qui suit le sentier et je l’enfonce à nouveau sur ma tête. Les gouttes fraîches coulent sur mon visage, le long de ma gorge, pour venir finir leur course entre mes seins. D’autres viennent rafraîchir ma nuque et se frayer un chemin dans le creux de mon dos. L’eau glaciale secoue mon corps d’un frisson. Mes poils se dressent. C’est le petit coup de fouet qu’il fallait pour m’encourager à continuer mon chemin.
J’avance dans cette forêt dense. Je suis seule avec le chant des oiseaux. J’observe attentivement entre les arbres dans l’espoir de rencontrer un animal sauvage et de transformer ma promenade en safari.
J’entends le bruit d’une chute d’eau en contrebas. Je quitte le chemin à la recherche de la cascade. Je me laisse guider par le bruit de l’eau que j’entends de plus en plus distinctement. J’évite les ronces et les fougères tant bien que mal. Mes mollets sont lacérés.
Je finis par apercevoir le jet d’eau puissant et bruyant qui tombe de plusieurs mètres dans une vasque rocheuse turquoise. Dommage que je sois seule, c’est un très bel endroit pour faire des photos…
Je longe la cascade pour atteindre la vasque. Elle est suivie d’une deuxième beaucoup plus grande et sûrement beaucoup plus profonde, le turquoise fait place à un vert plus foncé.
Je m’assois au bord de la petite vasque, j’enlève mes chaussures et plonge mes jambes douloureuses dans l’eau. Elle n’est pas aussi fraîche que l’eau du ruisseau, je me laisserais presque tenter par une baignade…
J’entends des voix.
Je tends l’oreille et balaye l’endroit du regard pour guetter ce qu’il s’y passe. Le bruit de la cascade n’aide pas… C’est un couple qui vient, comme moi, faire une pause au bord de la grande vasque. Il faut dire que ses abords sont plus confortables et qu’elle n’est pas à l’ombre des arbres. Assise au bord de mon petit bassin, les pieds dans l’eau, je les vois s’installer confortablement.
Ils ne peuvent pas me voir d’où je suis.
Ils enlèvent eux aussi leurs chaussures pour plonger leurs pieds dans l’eau. Ils restent ainsi un moment. Je n’entends pas ce qu’ils se racontent, j’ai toujours le bruit de la cascade dans les oreilles.
Elle enlève son T-shirt, pose ses coudes sur le rocher et passe en position semi-allongée. Quelques instants plus tard, elle enlève sa brassière, offrant ainsi au soleil, à son compagnon et à moi-même une très belle vue sur sa poitrine. Il fait le même don de lui-même en enlevant aussi son T-shirt.
J’ouvre mon sac discrètement pour y prendre une pomme. Je croque dedans à pleines dents. Je reprendrai mon chemin ensuite.
Elle se lève, enlève son short et sa culotte et entre précautionneusement dans l’eau verte.
Je mange ma pomme du bout des lèvres pour ne pas la finir trop vite.
Elle avance doucement et s’arrête lorsque l’eau lui arrive au niveau des fesses. Elle doit être un peu froide. Elle doit avoir les tétons qui pointent. Elle rentre entièrement dans l’eau. Elle fait quelques brasses très énergiques : c’est certain, l’eau doit-être un peu froide. Elle plonge, je vois son corps nu onduler dans l’eau transparente. Elle refait surface, se retourne pour faire la planche. Son corps flotte dans la piscine naturelle.
Absorbée par ce joli panorama, je n’ai pas vu qu’il s’était déshabillé et qu’il était lui aussi entré dans l’eau. Il s’arrête à la même étape qu’elle tout à l’heure, juste quand l’eau lui arrive au niveau des fesses. Il s’accroupit pour entrer le haut de son corps dans l’eau. Chacun sa technique après tout.
Il nage doucement vers elle. Je pense qu’il essaie de faire le moins de vague possible pour ne pas qu’elle le voit.
Il s’approche d’elle. Elle devait l’avoir repéré car elle n’est pas du tout surprise par son arrivée. Il a l’air d’avoir pied. Il passe ses mains sous son corps flottant et lui fait parcourir la vasque. Elle a l’air complètement détendue. Je ferais bien un petit tour moi aussi.
J’ai déjà mangé la moitié de ma pomme.
Il arrête son mouvement en arrivant au milieu de la vasque. Il ne peut plus avancer car il a de l’eau jusqu’au cou. Elle repasse en position verticale et vient passer ses bras autour de ses épaules.
Il fait demi-tour pour reprendre la direction de leurs affaires, elle est solidement accrochée à son torse.
Elle le couvre de petits baisers. Il marque une pause. Il a de l’eau jusqu’à la poitrine. Les petits bisous sont devenus un long et langoureux baiser. Elle attrape ses cheveux, il plaque son corps contre le sien.
L’eau est redevenue une flaque d’huile. Ils ne bougent plus. Tout semble se passer dans leur bouche, avec leurs langues qui s’emmêlent et leurs corps qui ne font plus qu’un. Je ressens d’ici l’intensité de leur baiser. L’eau n’ondule plus autour d’eux, les feuillages ne bougent plus, j’ai même l’impression que la cascade fait moins de bruit. C’est tout l’écosystème autour d’eux qui est suspendu à leurs lèvres.
Eveil de petits papillons dans le bas de mon ventre.
J’ai fini ma pomme.
Que faire ? Reprendre mon chemin ou laisser s’exprimer les papillons ?