janvier 24, 2022

Shoote-moi si tu peux…

Mars 2020

Temps de lecture avec lumière tamisée : 4min

photo @fauvret

Elle pense que le tirage sera bon. La luminosité est bonne et les couleurs accrochent bien. On est à la terrasse du troquet du coin, j’ai commandé un verre de vin, tu sirotes une ambrée. Elle a commandé une bière qu’elle ne boit pas, trop absorbée à nous expliquer les moindre détails de sa première expo photo. Il est à côté d’elle, son regard est admiratif et amoureux, il a les yeux brillants. Elle veut nous montrer son travail.

Ta main dans la mienne, nous les suivons sagement dans les ruelles étroites qui mènent au studio. Nous montons un petit escalier, avant de s’arrêter net devant une porte. Prise par mon élan, je la bouscule un peu. Ces quelques secondes de maladresse m’ont fait entrer en contact avec son corps charnu. Mon nez s’est retrouvé dans sa tignasse décoiffée par le vent et j’ai respiré à plein poumon cet étrange mélange entre la douceur de son parfum et la chimie des produits du labo. 

Mes sens sont en éveil. 

Elle finit par venir à bout de la serrure capricieuse et nous entrons dans le studio. J’adore cet endroit, un cliché des ateliers d’artistes : une vieille dépendance avec une verrière immense. C’est un frigo l’hiver, un four l’été. Mais la lumière y est parfaite pour ses projets photos. Nous sommes à la mi-saison, le soleil couchant éclaire la pièce d’une lumière chaleureuse et enveloppante, à son image à elle. Nous nous asseyons tous les trois sur le canapé en cuir défoncé pendant qu’elle s’affaire à trouver les tirages à nous montrer. 

Je t’observe un instant, tu scanes chaque recoins de cet espace que tu découvres en discutant avec lui du concert vu ensemble la veille. 

Elle veut nous montrer le dernier tirage. Elle nous emmène dans le labo minuscule où nous entrons tous les 4. Il y fait complètement noir, elle attend que l’on soit tous entrés pour allumer. Serrés les uns contre les autres, nos yeux s’habituent petit à petit à la pénombre. Elle se mouvoit telle une chatte dans cet espace qu’elle connaît par coeur. Nous n’osons pas bouger. 

Je sens une main dans mon dos. 

J’imagine que c’est toi. C’est une main hésitante, comme intimidée par la situation. Je commence à comprendre la place de nos corps dans ce petit espace, tu es juste derrière moi, légèrement à ma gauche. Il est aussi derrière moi un peu plus à ma droite. Vous êtes un peu emmêlés tous les deux. 

Elle allume, la pièce baigne dans cette lumière si particulière des labos photos. Une lumière rouge à la fois tamisée, douce et inquiétante. 

Elle s’affaire à sortir des photos des bacs, à les accrocher avec des pinces à linge sur le fil prévu à cet effet, elle marmonne et se parle à elle même. 

Nous attendons silencieusement le début du spectacle. 

Main sur mes fesses. 

Cette fois c’est franc. La caresse hésitante a disparu. Je sens comme une tension dans mon dos. La main attrappe ma taille et me plaque contre vos deux corps.

Mon cœur est tout à coup descendu battre entre mes jambes.

Une deuxième main attrape ma taille. 

Il a vu ton petit jeu, il ne sera pas en reste. 

Une tête s’enfouit dans mon cou. Je reconnais ton parfum. Je sens le bout de tes lèvres parcourir ma nuque. Tu remontes vers mon oreille que tu viens explorer avec ta langue. Les deux bras se resserrent autour de ma taille, ce ne sont pas les tiens. 

J’ouvre les yeux, elle est là, plantée devant ce curieux trio avec un sourire attendri. 

« -On va y aller un par un c’est trop petit ici. » 

Elle me tend la main. Je l’attrape et me libère de ma double étreinte, non sans regret. 

Elle me manipule tel un pantin pour me placer devant une série de photos. Je crois distinguer des paysages, mais à y regarder de plus près il y a aussi des personnages, des gens qui dansent.

J’arrête là mes réflexions car les mains qu’elle avait sur mes hanches pour guider mon corps dans cette boîte noire viennent de commencer un mouvement sensuel vers mon nombril. Nous sommes à quelques mètres de vous deux. 

Un silence de plomb se fait dans la pièce, comme si chacun s’était arrêté de respirer. 

Ses mains remontent vers ma poitrine. Je me cambre pour plaquer mes fesses contre son pubis. Elle suit mon mouvement et vient plaquer son corps contre le mien. 

Je n’ose pas bouger de peur de faire tomber les bacs ou les produits. 

Elle, au contraire, bouge son corps. Non plus comme une chatte, mais comme une tigresse. 

Ses mains ont attrapé fermement mes seins, me laissant échapper un soupir qui brise le silence. Je vois vos deux ombres du coin de l’œil qui bougent timidement, sans réussir à deviner ce qui se passe pour vous dans ce carré de pénombre où vous êtes tenus de rester. Vous n’avez pas d’échappatoire, vous êtes contraints de regarder le spectacle inattendu qui s’offre à vous. 

J’attrape sa tignasse. Je sens son souffle dans mon cou. Mon autre main glisse sous sa jupe. Je caresse du bout des doigts la dentelle de sa culotte, essayant de me frayer un chemin. J’arrive à décaler la dentelle et à caresser ses lèvres déjà gonflées. C’est chaud, c’est doux. Mes doigts chercheurs rendent petit à petit la zone humide. Sa respiration s’accélère. Nous cherchons nos bouches et nous nous les attrapons goulument. Sans que j’ai le temps de bien comprendre elle se retrouve accroupie derrière moi, fourre ses mains sous ma jupe, baisse ma culotte et enfonce sa tête dans mon cul. Elle lèche ma chatte à grande lampée, je lâche un soupir de plaisir. Je viens poser mes mains sur ce que je pense être un tuyau de gouttière pour trouver un appui et garder mon équilibre. Elle a enfoncé ses doigts dans mon vagin, c’est précis, c’est bon. 

Toussottement derrière nous. Nous tournons la tête, vous êtes toujours là, n’osant pas bouger non plus. Elle me prend la main et me dirige vers vous. 

Mon corps est tendu d’excitation. L’atmosphère du lieu rend ce jeu irréel. Je prends le temps de t’embrasser, de caresser ton torse, je sens ton sexe à travers ton jean. 

D’ailleurs il est déjà déboutonné… Qu’avez-vous fait tous les deux ? 

Je gobe ta bite sans ménagement. Ta main sur ma tête a attrapé fermement mes cheveux. Tu guides mes mouvements, m’emmenant de plus en plus loin, de plus en plus profond. Ma langue joue avec ton gland, une de mes mains attrappe tes boules et les malaxe. Tu souffles. Ma salive humidifie ton membre, je suce, j’aspire, je lèche. 

Elle s’est accroupie aussi et a suivi mon idée. Elle le suce avec entrain. Je lui prends la main, elle la serre fort. Sa douce sauvagerie est contagieuse. J’ai une furieuse envie de me faire pénétrer à côté d’eux.

Si j’en crois la vitesse à laquelle vous fouillez tous les deux vos poches, mon envie fait l’unanimité… 

Elle a dégainé plus vite que vos ombres et sort deux préservatifs de son sac à main. Elle se redresse, me guide vers la large porte fermée du labo juste derrière vous deux. Nous plaquons nos corps côte à côte face à la porte, vous offrant nos croupes généreuses. 

Le tableau ferait une magnifique photo !

Tu me pénètres avec douceur pour commencer, puis tes dents se plantent dans mon cou. Tu enfonces ta queue profondément en moi. Je souffle. Elle gémit aussi juste à côté de moi. J’ai toujours sa main dans la mienne. On s’embrasse. Nous tâtonnons un peu car il fait vraiment sombre de ce côté de l’atelier. Vous nous prenez fougueusement. Vos mouvements de bassin nous arrachent à tous les quatre des soupirs, des gémissements et des cris de plaisir.

Joyeux bordel. 

Je sens mon orgasme, il n’est pas loin. Je serre sa main. Je murmure ton nom. Tu restes concentré à garder le rythme qui me fait monter en puissance. Je lâche les vannes et m’abandonne complètement, sentant qu’à nos côtés il se passe sensiblement la même chose. 

Je te sens venir aussi. Elle broie ma main. L’orgasme est explosif, c’est un feu d’artifice, bouquet final d’un show son sans lumière totalement improvisé.

Puis tout s’arrête, tout se suspend. 

Un premier commence à rire. Nos corps viennent s’emmêler. Puis nous rions de bon cœur tous les quatre. Encore sonnés par ce qui vient de se passer. 

Elle éteint la lumière rouge et ouvre la porte. La nuit est tombée dans la verrière. Elle sort la première, nous jette un regard complice. Elle vient chercher ta main et t’emmènes dans l’atelier. Nous suivons le mouvement, curieux de ce que la nuit peut encore nous réserver.  

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